Audit REDII : la filière s'engage dans la durabilité des sites de méthanisation

National 29 NOVEMBRE 2023

Explorez l'audit REDII à travers les témoignages des premiers producteurs certifiés – dans les coulisses de la conformité RED2

Camille DUSANNIER et Henri LECOMTE partagent au moins deux points communs : ils sont producteurs de biométhane dans la région des Hauts-de-France, et ils ont été les deux premiers à être audités en vue d'obtenir la certification REDII. Alors que Camille travaille chez Agriopale, une entreprise gérant plusieurs installations de méthanisation, Henri, agriculteur, a installé avec un associé son unité pour diversifier ses revenus et gagner en indépendance sur l'achat d'engrais. Si l'arrivée de la certification REDII a été accueillie avec une certaine appréhension, aujourd'hui ils sont les tous premiers à être certifiés. Leurs parcours respectifs convergent vers des perspectives communes, ils reviennent sur leurs expériences.

Camille red2

La directive REDII appliquée à la méthanisation

La directive européenne RED II, adoptée en décembre 2018, joue un rôle structurant puisqu'elle définit les objectifs de développement des énergies renouvelables en Europe et les règles à suivre pour les atteindre. Initialement axée sur les biocarburants, sa deuxième version élargit ses exigences à la production de chaleur, de froid, d'électricité à partir de la biomasse, englobant ainsi la méthanisation. Afin de se conformer à cette directive, environ 170 unités de méthanisation en France, représentant plus de 20% du parc biométhane, devront obtenir la certification RED2, et ainsi attester de la durabilité du biométhane produit et d'un faible niveau d'émissions de gaz à effet de serre. La réussite de cette certification est cruciale pour ces sites, car elle conditionne leur accès au tarif de rachat, avec le risque de suspension de contrat et le remboursement des sommes perçues en cas de non-conformité. Ainsi, la mise en œuvre de cette directive renforce la durabilité de la filière biométhane tout en créant un enjeu majeur lié à l'accès à ces tarifs subventionnés.

RED 2, un formidable gage de qualité, mais qui peut peser lourd sur les petites structures.

Selon les témoignages de Camille DUSANNIER et Henri LECOMTE sur REDII, la directive européenne a agi comme un catalyseur majeur pour le secteur de la méthanisation et démontre la volonté forte de toutes les parties prenantes de professionnaliser la filière. C'est aussi une manière de montrer l'exemplarité de la filière auprès des pouvoirs publics qui contribuent au financement des unités de méthanisation.

« Cette directive contribue à améliorer la perception de notre activité, conférant une valeur non seulement économique, mais également carbone, aux gaz verts que nous produisons. »

Camille Dusannier. 

En revanche, bien que REDII offre une opportunité exceptionnelle, il est important de souligner que la procédure de certification peut être perçue comme une contrainte significative pour les PME. Souvent, le temps nécessaire n'est pas pleinement apprécié par les responsables d'unités, et le temps consacré peut avoir un impact conséquent sur le fonctionnement quotidien. Les structures doivent donc s'organiser.

Quels impacts sur l'exploitation ?

Camille DUSANNIER indique que les répercussions de RED II sur son activité ne sont pas très significatives : l'absence de CIVE (cultures intermédiaires à vocation énergétique) a simplifié les déclarations, et donc la gestion administrative. Cependant, elle met en évidence le temps passé pour expliquer la démarche aux apporteurs d'intrants de l'unité.

Les producteurs de biométhane soulignent l'importance cruciale d'homogénéiser le bilan carbone des intrants déclarés. Par exemple, pour un même intrant provenant de deux industriels différents mais utilisé sur un même site de méthanisation, les gestionnaires de ces sites peuvent avoir des valeurs de facteurs d'émission de CO2 divergentes. Cette disparité dans l'appréciation se traduit par des variations dans la manière dont les industriels apprécient leur process. Il devient ainsi impératif d'établir une compréhension uniforme et partagée du bilan carbone de ces intrants, favorisant ainsi une homogénéité dans les déclarations. Cette démarche contribuerait non seulement à renforcer la cohérence dans le processus d'auto-déclaration, mais aussi à assurer une interprétation commune des critères de REDII au sein de la filière et au-delà.

« J'avais toutes les données nécessaires pour la certification, mais elles étaient éparpillées, j'ai passé un certain temps à les compiler, à créer mon tableau de bord de suivi et de pilotage afin de répondre aux critères de l'audit. »

Henri Lecomte.

L'accompagnement de l'AAMF et FGR salué

Les deux producteurs indiquent que le travail de l'Association des Agriculteurs Méthaniseurs de France a été exceptionnel. Ils reconnaissent l'efficacité de l'association dans la vulgarisation de la directive RED2 et son précieux soutien aux agriculteurs dans leurs démarches. En complément, le travail fourni par France Gaz Renouvelables sur la mise à disposition de la plateforme de suivi des intrants et de calcul des gaz à effet de serre (GES) est fortement apprécié.

« Aujourd'hui, tous les exploitants d'unités de méthanisation utilisent cette plateforme ! Résultat d'un travail collégial, elle nous aide fortement dans l'appréhension de cette certification. »

Henri Lecomte

Cette collaboration joue un rôle clé dans la compréhension et la mise en œuvre réussie de RED 2, soulignant l'importance des initiatives collectives pour faciliter l'adhésion des acteurs du secteur.

Zoom sur la certification

Les avis des deux producteurs convergent :  les échanges avec les auditeurs ont été aussi fructueux qu'enrichissants. Les producteurs saluent la qualité du travail fourni par le bureau d'études certifiant, soulignant son professionnalisme et son engagement envers la réalisation d'une certification conforme aux normes de RED2. 

Les échanges avec les auditeurs ont été perçus comme des moments d'apprentissage mutuel, où des informations pertinentes et des conseils pratiques ont été partagés. Cela a renforcé la confiance des producteurs dans le processus d'audit, les laissant avec une expérience positive et la certitude d'avoir bénéficié d'une collaboration constructive avec les parties impliquées. Cet avis positif souligne l'importance d'un partenariat efficace entre les acteurs clés du processus de certification, contribuant ainsi à une mise en œuvre réussie de RED 2.

Un conseil pour ceux qui n'auraient pas encore passé leur certification ? 

Pour tous les producteurs qui n'ont pas encore passé leur certification, le meilleur conseil c'est : anticiper. Demander les auto-déclarations, relancer, vérifier les dates et les cases cochées, c'est souvent un travail long et fastidieux. Alors, mieux vaut prendre les devants et ne pas attendre la certification pour bien gérer son administratif ! 

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