CO₂ biogénique : valorisation, purification et liquéfaction
Contexte et intérêts
La production de biométhane compatible avec une injection dans les réseaux de gaz nécessite une étape d'épuration du biogaz, qui consiste principalement à séparer le CH4 et le CO2. Le CO2 séparé, biogénique à cycle court et donc neutre pour le climat, est jusqu'à présent relâché dans l'atmosphère. Ce CO2 très pur a pourtant une valeur marchande et des usages potentiels très variés. Par ailleurs, sa récupération permet de capter le biométhane résiduel des offgaz de l'épuration (0,5 à 2% du offgaz), et de réduire ainsi les pertes de production d'un site tout en améliorant le bilan carbone déjà très bon du biométhane (23,4 gCO2eq/kWh PCI).
Attention : Il s'agit d'une estimation tenant compte du rendement du système de récupération du CO2 qui peut fortement varier d'une installation à une autre.
Pour information : 10 000 à 15 000 tonnes de déchets organiques par an (fumiers, lisiers, résidus de culture, CIVE, biodéchets) permettent de produire environ 100 Nm3/h de biométhane. La capacité moyenne des sites d'injection biométhane en France est d'environ 200 Nm3/h.
Le marché actuel du CO2
En France, les principales sources conventionnelles de CO2 sont les usines de bioéthanol (CO2 biogénique), d'hydrogène et d'engrais (CO2 fossile). Après purification et liquéfaction du CO2 fatal de ces sources, celui-ci est transporté par camion dans des cuves cryogéniques, sur des distances allant jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres. In fine, le CO2 alimente la cuve du client consommateur, souvent louée par les fournisseurs du CO2. Ces derniers sont majoritairement représentés par les grands gaziers industriels tels qu'Air Liquide, ACP, Nippon Gases – Praxair, Messer, Linde, etc. En termes de qualité du CO2, les exigences varient fortement d'un débouché à l'autre. Il est donc nécessaire de bien se renseigner, en raison de la diversité des besoins : consultez le chapitre 4 du guide de valorisation CO2 du CTBM.
Le prix de marché du CO2 est très variable : avant le début de l'inflation en 2022, il était d'environ 50 à 200 €/tCO2 et une moyenne autour de 120-150 €/tCO2 pour des consommateurs réguliers non loin des sources de production. Post 2022, les prix ont fortement augmenté.
Ce prix dépend principalement :
- De la distance de livraison,
- Du volume consommé,
- Des prix du gaz naturel (matière première des usines de vaporeformage et d'engrais),
- De l'équilibre offre / demande sur le marché.
Sur ce dernier point, il existe en effet de fortes tensions saisonnières sur le marché du CO2, induisant une volatilité du prix associée à des pénuries pouvant affecter grandement certains consommateurs.
Concernant la structure du coût de revient du CO2, celle-ci est composée principalement :
- Du coût de capture / conditionnement du CO2 sous forme liquide,
- Du transport en camion-cuve cryogénique.
Le coût de transport est variable en fonction de la distance. Ainsi, dès qu'un trajet aller/retour impose une nuit de déplacement au conducteur (au-delà de 600 km aller/retour environ, en tenant compte des temps de chargement/déchargement), le coût en €/tCO2 transporté devient prépondérant dans le prix final, voire prohibitif pour de très longues distances.
Aussi, disposer d'un CO2 biogénique local, produit toute l'année par des producteurs de biométhane permettrait de répondre à ces limites actuelles. Mais comment les producteurs de biométhane peuvent valoriser cette ressource supplémentaire ?
La chaine de valorisation du CO2 biogénique de la méthanisation
La purification du CO2 biogénique
L'offgaz est déjà fortement concentré en CO2 (plus de 98%). Néanmoins pour atteindre les niveaux de pureté exigés par les consommateurs et permettre la liquéfaction du CO2, une étape de purification est nécessaire.
Des étapes de prétraitements sont indispensables pour éliminer les traces d'eau, de composés soufrés (corrosifs et toxiques) et d'huiles. La purification permet ensuite de séparer les résidus de biométhane (jusqu'à 2% de l'offgaz) du CO2. Ce résidu de biométhane peut être injecté sur le réseau et représente donc une source de revenu complémentaire.
Une unité de liquéfaction de CO2 réalise les fonctions successives suivantes :
- Compression des offgaz issus de l'épurateur,
- Purification sur charbon actif,
- Séchage afin d'éliminer toute trace d'eau,
- Liquéfaction du CO2,
- Stockage & transport.
L'objectif est d'obtenir un CO2 d'une grande pureté (concentré à plus de 99%vol CO2), liquide et donc facile à transporter.
A noter qu'une 1t de CO2 gazeux prend 1 000 fois plus de place qu'1t de CO2 liquide.
Le transport du CO2
Aujourd'hui, le CO2 est transporté sous forme liquide par camion. Le coût du transport augmente avec la distance du consommateur et peut se révéler prohibitif pour les très longues distances.
Le CO2 issu de la méthanisation peut être compétitif s'il est vendu localement c'est à dire dans des zones éloignées des sources conventionnelles et pour lesquelles le coût de transport élevé compense le faible coût de capture. La fourniture locale de CO2 (< 200 km) est donc le facteur clé. Il doit être combiné à une rentabilisation maximale des moyens logistiques (camion et cuve) lorsque ces derniers sont achetés. Cette rentabilisation peut passer par la mutualisation avec d'autres unités de méthanisation, voire par la création de coopératives du CO2 qui collecteraient et vendraient le CO2 auprès de différents consommateurs. La logistique peut également être sous-traitée à un transporteur qualifié.
Le transport par canalisation de CO2 peut se révéler pertinent pour des usages de proximité (moins de 5 km). Il permet notamment de se passer de l'étape de liquéfaction très couteuse et d'offrir un CO2 local très compétitif. La contrepartie est que le biométhane résiduel n'est pas récupéré. Le cadre réglementaire de ces canalisations reste toutefois à clarifier.
Les autres questions que vous vous posez sur la méthanisation
Optimiser les performances de votre exploitation
Pour optimiser les performances et réduire les coûts de votre exploitation
Méthacompare
Un outil de suivi et comparaison des performances technico-économiques de son unité de méthanisation