Injection de biométhane en 2024 : une filière toujours plus mature et performante 

National 16 MAI 2025

Le sixième retour d'expérience interopérateurs confirme le bon fonctionnement des unités agricoles et industrielles territoriales raccordées aux réseaux gaziers français.

Avec 731 sites qui injectent dans les réseaux de gaz à fin 2024, dont 621 unités agricoles et 25 sites industriels territoriaux, la filière biométhane poursuit son déploiement sur le territoire. En 2024, 79 nouveaux sites ont été mis en service, dont 66 types agricoles ou industriels territoriaux (les autres sont de types ISDND ou territoriales). Ce chiffre, en recul par rapport à 2023 (139 tous types confondus, dont 124 agricoles ou industriels), reflète toujours une dynamique active malgré un effet différé du moratoire tarifaire de 2020. Le réajustement du tarif d'achat intervenu en 2023 devrait favoriser une reprise progressive des mises en service dans les années à venir. 

La capacité maximale annuelle d'injection atteint désormais 13,9 TWh (contre 11,8 TWh en 2023), l'équivalent estimé de la consommation de plus de 3,5 millions de logements neufs. Cette croissance est documentée dans le sixième retour d'expérience interopérateurs, réalisé en toute indépendance par GRDF, NaTran, Régaz-Bordeaux, R-GDS, Teréga et Sorégies, et analyse les performances techniques de la filière. 

Des performances d'injection en constante progression 

Parmi les indicateurs suivis, le taux d'utilisation de la Cmax (ratio entre le volume injecté et la capacité maximale d'injection) se révèle particulièrement instructif. La Cmax exprimée en Nm³/h, désigne le débit d'injection contractuel. Ce seuil constitue une cible pour les producteurs, afin de bénéficier pleinement du tarif d'achat du biométhane. A savoir qu'en 2024, 23 % des producteurs ont augmenté leur Cmax et l'augmentation moyenne est de 32 Nm3/h. Au total, cela correspond à 425 GWh par an de capacité d'injection supplémentaire. 

En 2024, le taux d'utilisation de la Cmax est de 93,9 %, un chiffre en hausse par rapport à 2023. Cette progression s'accompagne d'une plus grande régularité dans l'injection du biométhane. Les installations en fonctionnement depuis plus d'un an atteignent même un taux d'utilisation de 94,7 %. 

Les unités mises en service en 2024, bien qu'encore récentes, affichent déjà un taux moyen de 84,3 %, traduisant une prise en main rapide des installations. Par ailleurs, la taille médiane des sites en injection a légèrement progressé : 170 Nm³/h en 2024 contre 165 Nm³/h en 2023, confirmant une tendance à la montée en puissance des installations. 

Autre indicateur majeur, la disponibilité des postes d'injection reste très élevée, à 99,2 % en moyenne, un niveau quasiment équivalent à celui observé en 2023. Cette performance témoigne de la fiabilité des équipements et de leur bon fonctionnement tout au long de l'année. 

Une filière réactive face aux réalités économiques 

Malgré une baisse du prix du gaz sur le marché – le prix PEG (Point d'Échange de Gaz) moyen s'est établi à 34,07 €/MWh en 2024 contre 112 €/MWh en 2022 – la filière biométhane a su maintenir sa trajectoire. Le volume injecté sur l'année atteint 11,6 TWh, en hausse de 27 % par rapport à l'année précédente. Cette progression, dans un contexte de moindre incitation financière à injecter au-delà de la Cmax, illustre la capacité d'adaptation des exploitants et la résilience économique des modèles en place. 

Pour rappel, le prix PEG est la référence du gaz naturel sur le marché français. Il sert de point de comparaison pour évaluer la compétitivité du biométhane injecté au tarif d'achat réglementé. 

Des solutions pour fluidifier l'injection 

L'accélération de la production de biométhane implique une meilleure gestion des flux dans les réseaux. En cas de saturation locale – lorsque l'injection excède la consommation instantanée –, deux types de solutions se développent. 

La première repose sur les rebours : ces installations permettent de transférer le biométhane depuis le réseau de distribution vers le réseau de transport. Selon les dernières données disponibles, 88 rebours sont validés à fin avril 2025, dont 31 déjà en service, représentant une capacité totale de compression de 3,9 TWh/an.

La seconde s'appuie sur l'innovation locale, avec des dispositifs comme FLORES 4, qui visent à gérer ponctuellement les excédents d'injection sur certaines mailles du réseau. En parallèle, le démonstrateur West Grid Synergy continue d'expérimenter un réseau gazier intelligent, capable d'optimiser en temps réel la répartition du biométhane. 

Des perspectives solides pour les porteurs de projets 

Ce sixième retour d'expérience met en lumière les avancées constantes de la filière biométhane.  

Pour les porteurs de projets, les enseignements de ce REX 2024 sont précieux : la régularité d'injection, la fiabilité des postes, la montée en compétence sur les nouveaux sites, et l'appui croissant des opérateurs réseaux confortent le développement de projets toujours plus sécurisés et performants. La dynamique est bien engagée, et chaque nouvelle unité vient consolider l'ensemble du dispositif gazier renouvelable. 

Nos articles sur le même thème

Bilan 2024 : Une année charnière pour la filière de la méthanisation 

En 2024, la filière de la méthanisation en France a traversé une période de transition. Bien que le rythme de développement ait ralenti, cette année a posé les bases d'une relance prometteuse.

Veille technologique, nouvelles perspectives gaz verts

Cette cinquième édition de la veille technologique de GRDF met en lumière les dernières avancées en méthanisation, Power-to-Methane et méthanation biologique, des technologies prometteuses pour l'énergie verte en agriculture.

Suivez l’évolution de votre projet de méthanisation

Suivez l’évolution de votre projet de méthanisation