INTERVIGNE – De la recherche & développement au service des vignes et de la méthanisation
Couvert végétal, digestat et broyat : des solutions durables pour conjuguer production viticole et biomasse méthanisable.
Dans un contexte de forte pression environnementale, la viticulture française cherche à préserver la qualité de ses terroirs tout en réduisant son recours aux engrais chimiques. Le programme INTERVIGNE, porté par GRDF et ses partenaires (Tenea Energie, l'Institut de la Vigne et du Vin, le Centre du Rosé, les Vignerons de la Sainte Victoire, l'AOC Ventoux, la Chambre Régionale d'Agriculture de Provence-Alpes-Côte d'Azur), explore des solutions novatrices en inter-rangs des vignobles. À travers des expérimentations dans plusieurs régions viticoles (Gaillac (81), Sainte-Victoire (13), Ventoux (84)), ce projet ambitionne de démontrer l'intérêt des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) et des couverts végétaux pour répondre à deux enjeux majeurs : produire de la biomasse méthanisable tout en favorisant la santé des sols et des vignes notamment par un retour au sol du digestat co-composté.
Les types de couverts végétaux testés : des mélanges adaptés à la vigne
Les cultures intermédiaires à vocation énergétique testées dans le cadre d'INTERVIGNE incluent des mélanges variés de céréales et de légumineuses, soigneusement sélectionnés pour s'adapter aux spécificités locales des sols et climats. Voici quelques exemples :
- CIVE 1 : Mélange de seigle forestier (25 %), avoine (25 %), vesce (20 %), radis fourrager (10 %), fèverole (15 %), lin (3 %), phacélie (2 %).
- CIVE 2 : Avoine commune (35 %), avoine byzantine (30 %), vesce (30 %), trèfle d'Alexandrie (5 %).
Ces couverts végétaux sont implantés dès l'automne, généralement en octobre), puis récoltés au printemps avant le débourrement des vignes, minimisant ainsi la concurrence avec la vigne. Les rendements de biomasse méthanisable atteignent en moyenne 5 à 8 tonnes de matière sèche par hectare, selon les conditions pédoclimatiques.
Des résultats préliminaires prometteurs
Depuis le début des expérimentations, les suivis ont confirmé l'absence d'impact négatif des couverts végétaux sur les vignes, tant sur le plan hydrique que sur les rendements. En outre, des effets bénéfiques indirects commencent à se dessiner : une amélioration de la capacité de rétention en eau et une stimulation de la vie biologique des sols.
Concurrence hydrique : un équilibre délicat à maîtriser
Un des premiers défis posés par l'introduction des couverts végétaux en inter-rangs est leur impact potentiel sur la disponibilité en eau pour les vignes. Des résultats encourageants issus des expérimentations montrent que, sous réserve d'une gestion adaptée, les CIVE n'engendrent pas de stress hydrique significatif pour la vigne. Les suivis menés dans les parcelles expérimentales incluent des mesures précises sur le statut hydrique de la vigne, son alimentation azotée, ainsi que les rendements et la qualité des raisins.
Les premiers retours indiquent une absence d'effets négatifs notables. Mieux encore, les CIVE semblent même avoir un effet positif indirect en améliorant la structure du sol et sa capacité de rétention en eau, grâce à l'apport de matière organique.
Broyat et digestat : des amendements pour un sol fertile
L'utilisation de digestat co-composté, enrichi de broyat, constitue une innovation clé testée dans le cadre du programme INTERVIGNE. L'objectif est double : compenser les exportations de matière organique dues aux récoltes de biomasse et améliorer la fertilité des sols. Les résultats préliminaires montrent que le digestat, appliqué à raison de 20 tonnes par hectare, favorise la régénération du carbone organique et stimule l'activité biologique du sol.
Le broyat, utilisé en complément, agit comme un paillis naturel en limitant l'évaporation et en libérant progressivement des nutriments. Ces pratiques contribuent à réduire l'usage d'engrais chimiques et à offrir une gestion durable des sols viticoles.
Des bénéfices multiples pour la filière viticole et la méthanisation
Le projet INTERVIGNE ne se limite pas à des enjeux agronomiques : il ouvre également des perspectives économiques intéressantes pour les viticulteurs. En valorisant les couverts végétaux comme source de biomasse pour la méthanisation, les exploitations peuvent diversifier leurs revenus tout en participant activement à la transition énergétique.
GRDF et ses partenaires ont également intégré une démarche participative en associant les viticulteurs à chaque étape du projet. Cela permet de garantir l'acceptabilité des pratiques proposées et de co-construire des itinéraires techniques adaptés aux spécificités locales.
Quelle perspective pour demain ?
Le programme INTERVIGNE démontre qu'il est possible d'allier production viticole de qualité et production de biomasse méthanisable, sans concurrence hydrique significative. L'apport de digestat et de broyat ouvre des perspectives prometteuses pour la santé des sols viticoles, tout en réduisant leur dépendance aux intrants chimiques. Les résultats doivent cependant être confirmés sur plusieurs années pour garantir leur robustesse.
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