La gestion des priorités d'injection en période de faible consommation de gaz

National 19 JUILLET 2022

Pleinement engagés dans le développement du biométhane en substitution du gaz naturel, les opérateurs de réseaux gaz sont mobilisés pour maximiser l'injection de ce gaz bas carbone dans les réseaux.

Si entre gaz naturel et biométhane, la priorité d'injection est donnée au biométhane, se pose parfois la question de la priorisation d'injection entre les sites de production biométhane, notamment en cas de baisse des capacités d'injection dans le réseau. Le registre des capacités est alors là pour déterminer les priorités d'injection entre les sites de méthanisation.

Les opérateurs de réseaux gaz sont mobilisés pour garantir au maximum l'injection de biométhane des sites de production.  

Dans le cadre de l'Etude Détaillée technique d'un futur site de production de biométhane, GRDF détermine les conditions techniques du raccordement et de l'injection du site suivant 3 paramètres-clés : 

  • la distance au réseau du site biométhane,
  • la consommation de la maille de distribution du réseau gaz (une maille du réseau de distribution est un réseau de distribution au niveau d'une ville ou d'un quartier approvisionné par un réseau de plus haute pression),
  • le débit d'injection du biométhane prévu du futur site.

Lorsque différents sites de production de biométhane sont déjà présents ou en projet sur une même maille du réseau de distribution, l'ensemble des débits d'injection des sites sont alors étudiés pour être mis en regard de la consommation de la maille de distribution. Si la somme des débits d'injection des sites biométhane de cette maille est supérieure à la consommation de la maille, des travaux de renforcement (pose de canalisation entre deux mailles de distribution, le « maillage », ou pose d'un poste de rebours remontant le gaz vers un réseau de gaz de plus haute pression) du réseau sont étudiés pour permettre aux sites d'injecter le maximum de leur capacité de production.

Schéma de trois mailles et d'un maillage avec trois producteurs sur une maille :

A la délivrance de l'Etude Détaillée, une Capacité d'injection maximum (Cmax en Nm3/h) est réservée pour le futur site de biométhane dans le Registre des capacités, compte tenu de la consommation de sa maille d'injection et des capacités d'injection maximum des sites biométhane déjà existants sur cette maille. Ce registre liste l'ensemble des sites existants et futurs injectant maille par maille. Pour les projets ayant signé un contrat d'achat après septembre 2021, une Capacité de production annuelle en GWh PCS figure à la place de Capacité d'injection maximum (Cmax), les opérateurs de réseaux gaz convertissent cette Capacité de production annuelle en un équivalent Cmax pour l'inscrire dans le Registre des capacités.

Lors des périodes de moindre consommation de gaz, en été notamment, hors période de chauffage, la somme des débits d'injection des sites de biométhane d'une maille peut être ponctuellement supérieure à la consommation de cette maille.

  • Sur les mailles disposant de capacité de stockage ou d'un rebours, l'injection de biométhane peut être supérieure à la consommation de gaz et le gaz sera alors stocké ou bien remonté vers le réseau gaz de plus haute pression.
  • Sur les mailles ne disposant pas de capacité de stockage ou de rebours, GRDF doit assurer l'équilibrage entre l'injection des sites biométhane et la consommation de gaz. Sur ces mailles, le gaz injecté doit être consommé, la capacité de stockage en canalisations étant limitée à maximum quelques heures.

Dans ce dernier cas, l'ordre de priorité d'injection suivi par les opérateurs de réseau est la règle édictée par la Commission de Régulation de l'Energie (CRE), à savoir l'ordre d'arrivée dans le registre des capacités. Ce registre recense maille par maille l'ensemble des sites en injection et en projet, et chacune des capacités de production déclarées par les porteurs de projet lors de la commande de l'Etude Détaillée (Cmax en Nm3/h). C'est la date de commande de l'Etude Détaillée qui détermine l'ordre des priorités d'injection. Est prioritaire, la Cmax inscrite dans le Registre des capacités en premier.

Les opérateurs de réseaux ont la charge de faire respecter les priorités d'injection telles que listées dans le Registre. 

Cette gestion des priorités est plus ou moins complexe suivant les situations. 

Le graphique ci-dessus illustre la situation où, sur une maille, deux producteurs, le Producteur 1 et le Producteur 2, injectent et la consommation est ponctuellement inférieure au biométhane injecté, ce qui crée des congestions du réseau. Le producteur 2, inscrit après le Producteur 1 sur le Registre des capacités, doit procéder à un arrêt d'injection ponctuel.

Une congestion entraîne une montée en pression du réseau, ce qui déclenche au bout de quelques heures, une alarme de sécurité du poste d'injection et entraine l'arrêt de l'injection des sites biométhane de la maille d'injection. Un arrêt sécurité implique l'intervention (à distance) de GRDF. Ce type de situation est donc à éviter pour maximiser la disponibilité des postes d'injection.  
Les opérateurs de réseau mettent tous les moyens en œuvre pour limiter ces congestions dues.  

Comment procède-t-on en cas de congestion ? Qui fait quoi ?

  • Etape 1 : GRDF, pour prioriser au maximum le biométhane, assure le réglage des postes de gaz naturel (abaissement pression pour en limiter l'influence) ainsi que le réglage des postes biométhane (ajustement de la pression d'injection selon l'ordre de priorité donné par l'ordre d'inscription dans le Registre des capacités) 
  • Etape 2 : GRDF vérifie alors que la configuration du réseau est telle que les priorités du registre des capacités sont « naturellement » respectées sans autre action spécifique. Si ce n'est pas le cas, GRDF détermine les actions à réaliser afin de faire respecter les priorités du registre.
  • Etape 3 : GRDF rappelle aux producteurs les limites auxquelles ils sont soumis dans leur contrat d'injection, i.e. la Cmax, et le devoir de réduire leur injection dans de telles situations suivant leur priorité au registre (cf. contrat d'injection). Cette coopération entre opérateurs de réseaux gaz et Producteurs permet de maximiser l'injection de biométhane pour tous les sites. 

Ce que GRDF vous conseille de faire pour optimiser l'injection

Connaître vos contrats de raccordement et d'injection, et notamment les éléments de l'Etude Détaillée reprenant les consommations de votre maille.

Si vous observez des difficultés d'injection, il est possible qu'une saturation ait lieu (le plus souvent de mai à septembre), auquel cas :  veillez à ne pas dépasser votre capacité d'injection. Le cas échéant, vérifiez que vous respectez le débit d'injection indiqué par GRDF, qui peut être temporairement inférieur à votre débit maximum autorisé, mais nécessaire au regard de votre rang de priorité. 

Sans cette coopération, les opérateurs seraient contraints de limiter voire fermer les injections des postes biométhane concernés, ce qui désoptimise la valorisation du biométhane et serait moins favorable à l'ensemble des acteurs. 

Afin de faciliter la régulation de l'injection dans les périodes de congestion, une régulation du débit injecté en fonction de la pression du réseau permet d'automatiser le fonctionnement et de limiter l'arrêt du poste biométhane sur seuil de pression haute.

Nous vous rappelons que les opérateurs de réseaux mettent tout en œuvre pour anticiper et limiter ces situations de saturation réseau (maillage, rebours).

Retrouvez également nos conseils dans notre podcast Métha Radio.

En savoir plus

Si vous êtes porteur de projet, rapprochez-vous de votre interlocuteur biométhane.

Si votre site biométhane est déjà en service, contactez le Service Client Biométhane au 08 06 06 29 29 (service gratuit + prix appel) ou via le portail injection

A lire aussi

National
Financer un site de méthanisation : quelles options ?

Découvrez le nouveau guide sur le financement de la méthanisation réalisé par WWF et GRDF.

Normandie
La Normandie, terre de gaz vert ! Retrouvez des témoignages d'acteurs de la transition énergétique

Avec 23 unités en services, 17 unités en construction, la région normande est en train de réaliser sa transition vers le gaz vert !
À la fin de cette année 2O22, ce seront 33 sites qui injecteront l'équivalent de la consommation de plus de 45 000 logements ou 2400 bus au bioGNV.

Suivez l’évolution de votre projet de méthanisation

Suivez l’évolution de votre projet de méthanisation