« La méthanisation est une nouvelle façon de se diversifier »
Découvrez le témoignage de Nicolas Morel, producteur de biométhane et éleveur de porcs à La Chapelle-Janson (35)
Le lisier de porc de l'exploitation de Nicolas Morel est une des matières qui permet de produire du biométhane, injecté sur le réseau de distribution. En vidant ses pré-fosses plus souvent pour alimenter le méthaniseur, il a amélioré l'ambiance dans les salles et ses performances d'élevage.
Nicolas Morel, éleveur de porcs à La Chapelle-Janson (35), a créé la SAS Morel Energies avec son frère Florent, éleveur laitier à La Selle-En-Luitré. Depuis décembre 2018, leur unité de méthanisation produit du biométhane, qui est injecté sur le réseau de distribution, exploité par GRDF.
« Notre projet était d'investir dans une méthanisation avec cogénération. Mais la possibilité d'injecter sur le réseau situé à 3 km et la prise en charge par GRDF de 40 % du coût de raccordement, au titre de la réfaction, nous ont convaincus de basculer sur une méthanisation avec injection », témoigne Nicolas Morel.
Le projet a fait l'objet d'un soutien financier de l'ADEME, la Région Bretagne et le Conseil Départemental d'Ille-et-Vilaine. Au démarrage, l'unité produisait 45 Normo mètre cube par heure (Nm3/h) de biométhane et depuis le mois de janvier, la production est passée à 70 Nm3/h.
Viser l'autonomie en intrants
Pour l'éleveur de porc de 36 ans, une des clés de réussite dans un projet de méthanisation est l'autonomie en intrants, en faisant bien attention à ne pas surdimensionner son unité au départ. « L'idéal est de monter en puissance progressivement. »
La méthanisation va traiter 10 900 tonnes d'intrants chaque année, dont 4 000 m3 de lisier de porc, 2 500 m3 de lisier de bovins, 1 200 t de fumier, 1 000 t de Cive d'été, 1 300 t de Cive d'hiver et 1 000 t de maïs ensilage. « Les fumiers et lisiers viennent uniquement de nos exploitations et une partie des Cive sont récupérées chez des agriculteurs voisins. Nous sommes autonomes à 97 % pour l'approvisionnement de notre unité. »
Les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) sont un bon moyen de sécuriser l'approvisionnement en matières végétales de la méthanisation. Nicolas Morel a choisi de mettre plus d'orge dans son assolement et opte pour des variétés de blé précoces, ce qui lui permet de moissonner plus tôt afin de semer rapidement les Cive après récolte et ainsi augmenter les rendements.
Une baisse des indices de consommation
« Avec un cours du porc très fluctuant, la méthanisation est une bonne façon de se diversifier. C'est une activité complémentaire de l'élevage et des cultures. Notre lisier est disponible sur place pour alimenter l'unité de méthanisation. Il est facilement déplaçable et quantifiable avec des systèmes de pompes et de compteurs volumétriques », explique Nicolas Morel. Le lisier, qui était un sous-produit de l'élevage, devient une matière première pour produire de l'énergie. Même si le lisier de porc est peu méthanogène, ça devient une excellente ration pour alimenter le digesteur en l'associant aux Cive et au fumier. « La méthanisation a eu des effets bénéfiques sur mes performances d'élevage. En vidant mes pré-fosses plus régulièrement, j'ai amélioré l'ambiance dans les salles et observé une baisse des indices de consommation. » Le digestat produit est aussi très intéressant pour les cultures, puisqu'il vient remplacer l'engrais minéral. « Cela représente une économie non négligeable de l'ordre de 30 000 € par an pour nos exploitations », conclut Nicolas Morel.
Crédit photo SAS Morel Energies – Pascal Léopold
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