Le projet RECITAL, pour des CIVE productives et durables
Des bonnes pratiques de conduites des CIVE déclinées par régions
Les cultures intermédiaires sont par définition, implantées sur la période d'interculture disponible entre deux cultures principales dans le but de fournir divers avantages agronomiques et environnementaux. Les CIVE composent en moyenne 13% de la ration des méthaniseurs en 2022. Cette part à tendance à augmenter et ces cultures intermédiaires apparaissent comme une ressource d'intérêt majeur pour la transition énergétique et agroécologique.
Le projet RECITAL : qu'est-ce que c'est ?
Débuté en novembre 2019 et achevé en septembre 2023, RECITAL est un projet soutenu par l'ADEME. Ce programme a mobilisé un réseau expérimental multi-acteurs autour de l'évaluation des effets de l'intégration de CIVE dans une rotation sur un plan économique, technique et environnemental, aux 4 coins de la France.
RECITAL ambitionne notamment d'aider les exploitants agricoles à choisir un système de cultures adaptées à la production de CIVE, d'optimiser la rentabilité globale de leur système de culture, de maitriser les aléas de production et de gagner en résilience.
Les résultats obtenus permettent une meilleure connaissance des CIVE ainsi que des recommandations régionalisées.
Le rôle d'ARVALIS dans le projet :
ARVALIS, est le plus grand organisme de recherche appliquée agricole en France, dédié aux grandes cultures. Sa mission est d'assembler des connaissances et d'apporter des innovations utiles aux producteurs et aux filières économiques associées. Il joue un rôle important dans le projet notamment par :
- Le pilotage de l'acquisition des références sur les CIVE et les digestats en régions
- L'appui méthodologique sur l'évaluation technico-économique et environnementale
Les trois enseignements du projet RECITAL :
- L'intégration des CIVE dans la rotation : quel impact technique et environnemental?
- Des impacts techniques & organisationnels
Sur les essais du projet RECITAL, une augmentation du temps de travail de 30 minutes en moyenne, par hectare, a été observé. Cette charge de travail se répartit en pics d'activité, notamment en période de récolte des CIVE, hors méthanisation.
Vigilance et organisation sont donc nécessaires pour ne pas être pris au dépourvu. L'agriculteur peut réaliser les travaux lui-même mais il est recommandé de faire appel à des prestataires pour simplifier les opérations et avoir recours à un matériel adapté.
- Des impacts environnementaux
Le bilan environnemental peut être décliné en 4 points :
La pression phytosanitaire : désigne l'ensemble des contraintes exercées sur les plantes cultivées par les organismes nuisibles tels que les insectes, les maladies et les mauvaises herbes. Elle représente le niveau d'agression ou de menace que ces facteurs peuvent avoir sur les cultures agricoles. Sur les rotations étudiées, aucune augmentation des traitements phytosanitaires n'a été estimée.
La limitation des pertes azotée et les intérêts pour les sols agricoles : une CIVE va capter l'azote disponible dans le sol jusqu'en sortie d'hiver. Les CIVE contribuent également à améliorer la structure du sol en favorisant l'activité microbienne et en augmentant les apports de matières organiques. Un sol bien structuré favorise la rétention d'eau, la disponibilité des nutriments et la croissance des plantes.
Le bilan climatique et le stockage de carbone dans les sols agricoles : produire des CIVE implique quelques émissions de gaz à effet de serre supplémentaires. Cependant, les CIVE, par leur développement racinaire important et leurs chaumes, restituent une biomasse importante au sol. Ces entrées de carbone, combinées au retour au sol des digestats, augmentent significativement le stockage du carbone, contribuant ainsi à l'atténuation du changement climatique et à l'amélioration de la productivité agricole.
Efficience énergétique : on parle de ratio énergie consommée / énergie produite à l'échelle de la rotation. Des calculs montrent que l'ajout de CIVE dans la rotation entraîne une meilleure efficience énergétique. Ainsi, plus le rendement de la CIVE est important meilleur sera l'efficience énergétique.
Pour en savoir plus, une vidéo pédagogique est disponible sur le sujet :
- Analyse de cycle de vie du biométhane issu de CIVE
Parmi les volets d'étude du projet RECITAL, une ACV a été réalisée pour quantifier l'impact environnemental de la production de biométhane par méthanisation avec et sans production de CIVE. Une ACV, est une méthode de calcul qui va permettre de quantifier sur tout le cycle de vie, d'un produit, d'un bien, d'un service ou d'un procédé, les différents impacts environnementaux générés selon plusieurs critères.
Grâce à cela, il est possible :
- D'identifier les transferts de pollution entre impacts et étapes de ce cycle de vie.
- De comparer le bilan environnemental de plusieurs produits qui répondent aux mêmes besoins.
Dans le projet RECITAL, le cycle de vie de la méthanisation a été défini par trois étapes : le point de départ (l'apport des différents types d'intrant au méthaniseur), le procédé de méthanisation de ces matières au sein de l'unité et la sortie de deux produits le biométhane et le digestat.
L'intégration de CIVE dans la rotation va avoir un impact sur les cultures suivantes avec une possible baisse de rendement. Ainsi, la production de cultures alimentaires, pré-Cive et post-Cive, a été prise en compte dans le cycle de vie et intégrée dans l'unité fonctionnelle.
Pour analyser les résultats de l'ACV RECITAL, 5 indicateurs sont mis en avant : le changement climatique, les particules ou effets respiratoires, l'acidification du sol, l'occupation des sols et les ressources énergétiques.
Pour en savoir plus, une vidéo pédagogique est disponible sur le sujet :
- Comment calculer le coût de production d'une CIVE
Parmi le volet d'étude du projet RECITAL, l'aspect économique de la culture de CIVE est très présent, notamment l'évaluation du coût de production.
Le coût de production est calculé par la somme des charges divisé par le rendement de la culture.
Il ne faut surtout pas oublier certaines charges dont les charges directes comme les charges de mécanisation (la plus coûteuse), les charges d'intrants et les charges de fertilisation. Il existe également les charges indirectes à ne pas négliger tels que l'impact de l'implantation de CIVE sur la culture alimentaire, le temps de travail supplémentaire généré, le retour des digestats au sol et la répartition des charges fixes.
Toutes ces charges peuvent s'élever à des montants compris entre 30 et 50€/tMS (par tonne de matière sèche) et sont donc non négligeables pour un producteur.
Pour en savoir plus, une vidéo pédagogique est disponible sur le sujet :
Ainsi, le projet RECITAL vise à mobiliser les agriculteurs autour de pratiques durables. Le rôle d'ARVALIS ambitionne d'aider les exploitants agricoles dans les choix des systèmes de culture adapté à leur contexte pédoclimatique. Le projet évalue également les gains sur la résilience des systèmes d'exploitation permis par l'intégration de CIVE. Pour cela, tous les résultats sont résumés dans de courtes vidéos mise en ligne par ARVALIS.
Il existe également une série de podcast « Métha Radio » sur les avancés significatives dans le domaine de la méthanisation dont un épisode pour le projet RECITAL sur les règles de décision pour maitriser la conduite et optimiser le rendement des CIVE de Nicolas Dagorn d'ARVALIS. Pour en savoir plus :
Pour aller plus loin, vous pouvez accéder aux synthèses régionales des études de projets :
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