Réduire la dépendance énergétique de la production de biométhane

Les charges liées à l'énergie consommée sur une unité de production de biométhane constituent l'un des postes de dépense d'exploitation les plus importants. La facture d'électricité compte en moyenne pour 30% du total des OPEX. Dans le contexte énergétique actuel, optimiser l'efficacité énergétique des sites, notamment sur les volets consommation et production d'électricité et/ou de chaleur, est un enjeu clé pour la filière.  

Comment bien négocier votre contrat d'approvisionnement d'électricité ? 

Les coûts d'exploitation liés à la consommation électrique de l'installation de méthanisation doivent être bien maîtrisés à moyen terme. Dans un contexte de volatilité des prix d'achat de l'électricité, cela peut s'avérer compliqué. Comprendre les trois composantes de la facture (taxes, acheminement, prix du kWh) et les différents formats de prix (puissance souscrite, durée du contrat, constant toute l'année ou saisonnier, fixe ou indexé) est déterminant pour faire les bons choix. Consultez la fiche pédagogique et visionnez le replay du webinaire « décryptage de la facture et de la consommation d'électricité ». 

Une ressource intéressante à connaître : le site du médiateur national de l'énergie, autorité publique indépendante. energie-info.fr/pro propose un comparateur d'offres d'énergie adaptées aux professionnels, sur la base d'une consommation annuelle estimée ou de sa consommation réelle si elle est connue.  

Vous pouvez aussi vous faire accompagner pour comparer les offres de différents fournisseurs ou même envisager un achat groupé. Vous pouvez contacter des structures locales / régionales (fédérations d'agriculteurs, syndicats d'agriculture, …) proposant des groupements d'achats, des courtiers en énergie possédant une expertise en biogaz ou des cabinets de conseil. Consulter par exemple l'annuaire de l'ATEE qui recense ce type de structures.  

Connaissez-vous le meilleur chemin vers la sobriété énergétique ?  

Consommez mieux, consommez moins ! Cette approche doit être pensée dès la phase de réflexions et études préliminaires. Challengez donc sur ce point toutes les parties prenantes qui vous accompagnent : les bureaux d'étude, les constructeurs, les assistants à maîtrise d'ouvrage (AMO) et les équipementiers.

Sur une unité déjà en fonctionnement, des actions sont aussi possibles. La première est l'amélioration du suivi des consommations par exemple via l'ajout de sous-comptages et la comparaison entre la puissance électrique souscrite et celle effectivement soutirée. Ensuite, un audit énergétique (électricité et chaleur) de l'unité de méthanisation peut être envisagé. Il permet de détecter les dysfonctionnements et d'identifier des pistes d'amélioration (et leurs gains/coûts) afin de prioriser les investissements à effectuer et d'identifier ceux potentiellement subventionnables. Vous pouvez vous inspirez de ce Cahier des Charges « clé en main » pour consulter des bureaux d'étude ou experts et optimiser votre consommation électrique mais aussi la maintenance de votre installation.  

Concernant les besoins en chaleur, sobriété et autoconsommation peuvent même mener à « l'autarcie » thermique, soit un modèle complètement autonome, malgré la variabilité des conditions saisonnières. L'étude ECOFEV de l'INSA Toulouse a modélisé et évalué les gains de chaque solution existante afin de répondre à la question : peut-on atteindre l'autarcie thermique en méthanisation ? Des solutions concrètes pour mieux isoler votre digesteur et diminuer la consommation de gaz ont notamment été étudiées.  

Connaissez vous toutes les possibilités de production locale d'énergie et d'autoconsommation ? 

Cogénération, photovoltaïque, éolien, chaudière biomasse, récupération de chaleur locale : les possibilités sont nombreuses. Vous pouvez par exemple combiner méthanisation par injection et production d'électricité via des panneaux photovoltaïques ou combiner injection et cogénération. Consultez le guide « Photovoltaïque et méthanisation : les bonnes questions à se poser » édité en Mai 2022. 

Ces technologies peuvent même être complémentaires : il n'y a pas de solution unique, mais des combinaisons de solutions à adapter au contexte de chaque site. De même l'autoconsommation doit être pensée à l'échelle de l'ensemble du site : si l'exploitation agricole est adossée au process de méthanisation, sur quelle installation précisément est-il le plus rentable d'utiliser l'énergie produite localement ? Enfin, il est primordial de bien connaître la réglementation et son évolution. Concernant l'autoconsommation de chaleur en méthanisation, le schéma ci-dessous présente les champs des possibles en tenant compte uniquement du code de l'énergie et s'applique aux installations ayant un contrat d'achat du biométhane avec les arrêtés tarifaires de 2011, 2020 ou 2021.  

Faites-vous accompagner par des bureaux d'études experts de ces sujets. Vous pouvez trouver dans cet annuaire une liste non exhaustive d'interlocuteurs.