Etude d'impact des cultures intermédiaires à vocation énergétiques (CIVE)

La méthanisation agricole connaît une croissance significative en Europe, offrant de nouvelles perspectives énergétiques. Les cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), de la famille des couverts végétaux d'interculture, sont implantées entre deux cultures principales et présentent une opportunité de fournir une quantité notable de biomasse destinée à la méthanisation. Dans un récent projet de recherches, Camille Launay, spécialiste en agronomie, a exploré les enjeux environnementaux liés à l'introduction des CIVE. Les résultats de l'étude offrent des perspectives prometteuses. 

Les différents enjeux environnementaux : 

Dans son étude, Camille Launay s'est penchée sur les impacts environnementaux des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) par rapport aux cultures intermédiaires multi-services (CIMS) et aux cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN). L'analyse a pris en compte divers aspects tels que les émissions de gaz à effet de serre, la fuite du nitrate dans les sols, la volatilisation de l'ammoniac, les changements de matière organique des sols et la consommation d'eau.

« L'objectif principal de ma thèse était d'évaluer l'intérêt des cultures intermédiaires à vocation énergétique d'un point de vue environnemental. Nous souhaitions déterminer si les CIVE pouvaient réellement contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à la préservation des ressources naturelles, tout en tenant compte de leurs éventuels impacts. » 

Que faut-il retenir ?  

Les CIVE contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre grâce à la capture du carbone lors de la croissance de la biomasse, ainsi qu'à la production de gaz renouvelable en substitution au gaz fossile.

« Les CIVE ont un bilan environnemental positif, contribuant à la réduction des gaz à effet de serre et au stockage de carbone dans les sols. Elles agissent également comme des pièges à nitrates. » 

En ce qui concerne les potentiels inconvénients, l'étude a révélé une augmentation de la consommation d'engrais azotés, une augmentation de la volatilisation d'ammoniac à cause du point précédent et du retour au sol du digestat, une légère baisse de la production alimentaire des cultures de printemps, et une diminution du contenu en eau des sols à cause de leur consommation d'eau. L'étude a également révélé des changements dans la quantité de matière organique des sols, mais ils restent globalement positifs pour l'environnement. De plus, les CIVE ont démontré leur capacité à réduire les pertes de nitrates dans les sols, ce qui contribue à la préservation des ressources en eau et à la qualité de l'eau. 

Le potentiel énergétique des CIVE en France :   

Les résultats de l'étude montrent également que les CIVE représentent un gisement d'énergie significatif en France. Selon les hypothèses prises en compte, le gisement potentiel pourrait être multiplié par 7, passant de 16,7 à 115,1 TWh. Ces estimations dépassent largement les prévisions antérieures qui varient de 5,9 à 55,3 TWh. Ainsi, les CIVE présentent un potentiel prometteur pour contribuer à la transition énergétique en substituant du gaz fossile par du biométhane.

« La culture intermédiaire a un rôle majeur à jouer sur le levier énergétique”.    

Le futur de la méthanisation agricole et des CIVE : 

Les résultats suggèrent aussi que les cultures intermédiaires à vocation énergétique ont un rôle important à jouer dans le développement de la méthanisation agricole durable.

« Les CIVE offrent une opportunité de produire une quantité considérable de biomasse pour la méthanisation, contribuant ainsi à la production d'énergie renouvelable. Elles permettent également d'améliorer la fertilité des sols et la gestion des ressources en eau. Mais questionnent la gestion de l'eau et de la fertilisation azotée dans les systèmes de cultures où elles s'insèrent. »

Crédit Photo : ©Arvalis