Méthanisation : quelle incidence sur la qualité de l'air et les odeurs

National 23 JUILLET 2024

Les résultats de l'étude AQAMETHA, menée par ATMO France sur 12 unités de méthanisation réparties dans toute la France, sont en ligne.

La méthanisation est une filière en plein essor en France, répondant aux enjeux énergétiques et climatiques actuels. Cependant, son impact sur la qualité de l'air et les odeurs suscite régulièrement des inquiétudes parmi les riverains des installations de méthanisation. Le projet de recherche AQAMETHA a été lancé en 2021 pour fournir aux acteurs de la méthanisation, aux pouvoirs publics et au grand public une vision objective de l'impact de la méthanisation sur la qualité de l'air en se concentrant sur l'exposition à l'ammoniac, à l'hydrogène sulfuré et sur les odeurs, considérés comme des indicateurs clés du processus. 

La méthodologie de l'étude 

Cette étude se démarque par son caractère innovant, peu de résultats publics ayant été produits à l'échelle nationale sur ces sujets.  

12 installations de méthanisation représentatives du panel d'installations en fonctionnement en France ont été sélectionnées selon des critères variés : typologie d'exploitation, types d'intrants, mode de valorisation du biogaz produit, présence ou non d'un système de traitement d'air et contexte local.  

Chaque site a fait l'objet de deux types de mesures. 

Les odeurs ont été évaluées, à l'intérieur et à l'extérieur des unités, par des experts des Associations Agréées pour la Surveillance de la Qualité de l'Air (AASQA) formés à la méthode du Langage des Nez® en collaboration avec Osmanthe

Les concentrations de l'air en l'hydrogène sulfuré et ammoniac ont été mesurées par des appareils mobiles (échantillonneurs passifs) positionnés à différentes distances de l'unité et au niveau de zones habitées,  

Nuisances olfactives faibles au-delà de 230 mètres 

Pour chaque méthaniseur, deux séries de mesures olfactives ont été réalisées pour chaque méthaniseur, l'une en été et l'autre en automne, pour prendre en compte l'influence de la saisonnalité sur la dispersion des molécules odorantes. 

L'analyse révèle que l'intensité des odeurs diminue rapidement d'une forte à une moyenne intensité (entre 0 et 230 mètres), et à une intensité faible au-delà de 230 mètres. La diminution de l'intensité odorante varie en fonction de l'installation. 

Les zones les plus odorantes sont le stockage des intrants, particulièrement ceux d'origine animale, et les trémies extérieures pour l'alimentation du digesteur. Les processus de fermentation et de dégradation organique sont souvent associés aux intensités odorantes les plus élevées. 

Polluants dans l'air en dessous des seuils 

Des échantillonneurs passifs ont mesuré les concentrations d'hydrogène sulfuré et d'ammoniac à diverses distances des unités de méthanisation, notamment dans les zones habitées, durant les mois de juin et d'octobre. Les niveaux relevés pour ces deux polluants atmosphériques ne présentent pas de risque pour la santé humaine, selon Atmo France. 

Les concentrations d'ammoniac sont plus élevées en limite de propriété de l'unité de méthanisation mais diminuent rapidement avec la distance. Les valeurs restent en deçà de la référence toxicologique de l'Anses (500 µg/m³ sur un an). En moyenne, la concentration en ammoniac mesurée en limite de propriété est de 12,5 µg/m³, tandis qu'elle est de 3,8 µg/m³ aux abords des premières habitations. 

Les niveaux relevés d'hydrogène sulfuré sont très faibles, souvent proches de la limite de détection. En limite de propriété, la concentration moyenne est de 1 µg/m³, bien inférieure à la valeur guide de l'OMS (150 µg/m³ sur 24 heures). Aux premières habitations, la concentration moyenne est de 0,4 µg/m³. 

L'apport de l'étude AQAMETHA sera publié au premier trimestre 2025, détaillant le protocole d'étude, les résultats des 12 unités étudiées et des recommandations pour les exploitants. 

Des données librement accessibles  

Les données ont d'ores et déjà publiques via une plateforme en ligne, incluant une datavisualisation des résultats, affichant des résultats globaux et détaillés pour chaque site de méthanisation.  

Ainsi, un site bien conçu et bien exploité n'impacte pas la qualité de l'air et ne génère pas de nuisance olfactive 

Le projet AQAMETHA démontre qu'avec une conception et une gestion rigoureuse du processus de méthanisation, la question des odeurs ainsi que des polluants atmosphériques HN3 et H2S est un sujet de vigilance et non d'inquiétude.  

Un projet porté par un collectif 

AQAMETHA regroupe 8 porteurs de projet : Atmo France, Air Pays de la Loire, Atmo Hauts-de-France, Atmo Normandie, ATMO Grand Est, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, Atmo Nouvelle-Aquitaine et la société Osmanthe. Le projet est soutenu par des partenaires académiques (IMT Nord Europe et l'Université du Littoral-Côte-d'Opale), professionnels (ADEME, Gaz Réseau Distribution France, Centre Technique national du Biogaz et de la Méthanisation) et associatifs (France Nature Environnement). Cet équilibre entre les partenaires permet de prendre en compte les différentes sensibilités et perspectives, avec un socle technique et neutre garanti par les AASQA

Chiffres clés 

  • 12 unités de méthanisation dans 6 régions 
  • 2 polluants de l'air mesurés (ammoniac et hydrogène sulfuré) 
  • 38 notes olfactives recherchées 
  • 2 campagnes de mesure par unité durant 2 semaines 
  • 436 lieux d'olfactions 
  • 48 points de mesure polluants 

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