
Séquestration du bioCO2 : la filière méthanisation ouvre de nouvelles perspectives aux producteurs de biométhane
GRDF vient de dévoiler les projets lauréats de son appel à projets européen consacré à la séquestration du CO₂ biogénique. Objectif : tester, dès 2025, des solutions concrètes pour capter et stocker durablement ce sous-produit de la méthanisation.

Un appel à projets pour développer la séquestration à l'échelle locale
GRDF a lancé en février 2025 un appel à projets européen pour identifier des solutions adaptées aux spécificités du CO2 des sites de méthanisation français. Trois axes ont guidé la sélection : technologies de séquestration, logistique locale du bioCO₂, et valorisation économique du stockage via le crédit carbone. Quinze candidatures ont été reçues, cinq projets ont finalement été retenus.
Transformer le CO₂ en ressource pour les matériaux de construction
La France dispose d'un maillage territorial unique avec plus de 700 sites injectant du biométhane. Chacun de ces sites génère entre 1 et 5 kilotonnes de CO₂ quasi-pur par an (voire plus), un gisement prometteur à valoriser localement.
C'est exactement ce que propose Carborok, une marque de Voltigital. Son idée : piéger le CO₂ dans des granulats de béton recyclé et améliorer leur recyclabilité. Résultat : un matériau enrichi, durable, et un CO₂ séquestré durablement dans la matière. Le projet a reçu un prix des meilleures collaborations avec des start-ups du groupe Bouygues au salon Vivatech 2025. Des déploiements dans le BTP sont envisagés dès 2026, avec une première démonstration sur site de recyclage cette année, soutenue dans le cadre de l'AAP. La séquestration devient un geste de construction.

Du gaz aux plastiques biosourcés : le pari d'E-ETHYLENE
La société montpelliéraine E-ETHYLENE développe une technologie d'électrolyse directe pour transformer le CO₂ en éthylène, un composé essentiel à la fabrication de PEHD1, notamment utilisé pour les canalisations. Cette technologie innovante permet une conversion en une seule étape à température ambiante, produisant directement de l'éthylène sans passer par une étape intermédiaire de production d'hydrogène, optimisant ainsi le rendement énergétique de l'opération.
GRDF accompagne ce projet avec une ambition claire : permettre aux réseaux gaz de s'équiper avec des tuyaux en PEHD composés de carbone biosourcé, renforçant ainsi la cohérence circulaire de la filière et permettant la séquestration à long terme de CO2 capté lors de la méthanisation.
La séquestration géologique, une piste territoriale
À Nancy, Carbon Impact, en partenariat avec le bureau d'ingénierie en géosciences EOSYS et l'Université de Lorraine, explore le stockage géologique du CO₂ biogénique. Leur étude, à l'image des travaux de l'ADEME qui ont permis un état des lieux des capacités de stockage géologique à l'échelle nationale, évalue la capacité des structures géologiques locales à accueillir durablement du CO₂.
Les nombreuses unités de méthanisation de la région Grand Est pourraient à l'avenir bénéficier de ces structures pour séquestrer localement leur bioCO2.
Une dynamique qui rassure — et ouvre des perspectives
Un quatrième projet, bioCO2-dissolved, porté par le BRGM et Naldeo Technologies & Industries, propose d'utiliser des doublets géothermiques (déjà existants ou à créer) pour injecter le bioCO2 en aquifère profond, en le dissolvant totalement dans l'eau de réinjection, ce qui permettrait sa séquestration définitive en limitant les coûts.
L'essentiel est là : la filière méthanisation est en mouvement, curieuse, proactive. Elle anticipe les enjeux carbones, développe de nouvelles voies pour les co-produits du biométhane et renforce sa robustesse territoriale.
Ces projets démontrent que le CO₂ peut devenir un potentiel de valorisation complémentaire pour les producteurs. Avec l'aide des technologies de stockage et des mécanismes de certification carbone, chaque site peut s'inscrire dans une trajectoire vertueuse.
Crédit carbone et confiance : certifier le carbone éliminé
Lauréat « coup de cœur » de GRDF, Riverse propose de développer une méthodologie de certification dédiée à la séquestration du bioCO₂ issu de la méthanisation, en conformité avec le cadre européen CRCF. Cette approche vise à ouvrir les portes des marchés volontaires du carbone aux producteurs engagés dans la capture et le stockage du bioCO₂, leur offrant ainsi un nouveau levier de valorisation.
En structurant la reconnaissance de ces initiatives, Riverse contribue à renforcer la crédibilité des démarches de séquestration et à en accélérer le financement grâce à la vente de crédits carbone de qualité. Un pas concret vers un modèle énergétique plus durable et résilient.
Une méthanisation plus compétitive, circulaire
Avec cet appel à projets, GRDF dessine une trajectoire ambitieuse : faire de la méthanisation un acteur clé de la neutralité carbone, capable de produire du gaz renouvelable tout en éliminant le CO₂ de l'atmosphère.
Les technologies mises en avant sont adaptées à des projets pilotes, faciles à monitorer et à répliquer, sans perturber les équilibres techniques ou économiques des unités existantes.
Pour les porteurs de projets, c'est une opportunité d'élargir les bénéfices environnementaux, de sécuriser leur modèle économique et de participer activement à la transition bas-carbone.
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