Une SEMOP au service d'un projet de territoire : l'exemple concret de l'unité de Belleville-en-Beaujolais 

National 16 MAI 2025

Découvrez comment Belleville-en-Beaujolais a mis en œuvre la première SEMOP de méthanisation en France, alliant pilotage public et expertise privée.

Dans un contexte où les collectivités cherchent à concilier ambition écologique, maîtrise publique et efficacité économique, certains montages juridiques ouvrent la voie à des projets plus structurants. C'est le cas à Belleville-en-Beaujolais, où la méthanisation s'incarne dans un dispositif encore peu utilisé dans la filière : la SEMOP. 

Une gouvernance inédite pour une méthanisation territoriale  

Le projet repose sur une double expertise complémentaire. D'un côté, la collectivité apporte la maîtrise du traitement des effluents de la station d'épuration, un foncier et le lien avec un ecosystème territorial. De l'autre, Agriopale mobilise son expérience dans la valorisation de biodéchets et coproduits organiques via la méthanisation. Cette combinaison permet d'exploiter deux gisements différents mais compatibles, en mutualisant les moyens techniques et humains pour une performance maximale. 

L'unité représente un investissement de près de 12 millions d'euros. Elle vise une production de 350 Nm³/h de biométhane injecté, avec une montée en puissance envisagée autour de 600 à 700 Nm³/h. Ce dimensionnement s'appuie sur la complémentarité des flux entrants et la stabilité d'un approvisionnement territorial sécurisé. 

Avant de voir le jour, une SEMOP nécessite plusieurs étapes structurantes : la collectivité doit tout d'abord définir précisément le périmètre et les objectifs du projet. Ensuite, un appel d'offres est lancé pour sélectionner un partenaire privé. Une fois ce binôme constitué, la société est créée avec un cadre de gouvernance clair, validé par les instances publiques. À Belleville, cette procédure a été rigoureusement respectée, garantissant une transparence et une efficacité dès la mise en œuvre. 

La première Société d'Économie Mixte à Opération Unique (SEMOP) française dédiée à la méthanisation est mise en œuvre à Belleville-en-Beaujolais. Ce modèle de gouvernance associe la collectivité locale, présidente du Conseil d'administration, à un partenaire privé en charge de l'exploitation. Il permet une répartition claire des rôles : stratégie publique et efficacité opérationnelle privée. Cette structure garantit à la fois implication locale, transparence décisionnelle et agilité de gestion, des atouts majeurs pour tout porteur de projet soucieux d'ancrer durablement son unité sur le territoire. 

« Un projet qui a du sens, car ancré localement » 

“Ce projet, c'est l'illustration de notre vision : une collectivité réactive, ancrée dans la transition écologique, mais gérée avec des modèles économiques viables”

Frédéric Pronchery, maire de Belleville-en-Beaujolais, président du syndicat de traitement des eaux usées Saône Beaujolais, et président de la SEMOP

Dix ans de maturation, un travail patient de concertation, une bonne communication et un refus du clivage : telle est la genèse d'une unité de méthanisation qui ne suscite aucun recours.

“Dès le départ, nous avons associé les chambres d'agriculture de l'Ain et du Rhône, les services de l'État et même des associations au départ réticentes à d'autres initiatives”, “La méthanisation, si elle est bien faite, n'a que des avantages”

L'élu

La SEMOP, un outil d'innovation organisationnelle 

“Ce montage est unique, car il conjugue implication publique et agilité privée.”

François Dusanier, directeur général de la SEMOP et fondateur de l'entreprise Agriopale

“Nous partageons une vision commune avec les élus : la méthanisation n'est pas une fin en soi, mais le centre d'un écosystème territorial”. 

François Dusanier

Avec une gouvernance où le public reste président (35 % du capital) et le privé exploitant (65 %), la SEMOP assure un pilotage stratégique par la collectivité tout en garantissant une réactivité quotidienne. 

“Ce modèle nous engage à fonctionner en véritables associés. Le DG doit pouvoir commander une pompe sans attendre trois semaines”

Frédéric Pronchery

“C'est un engagement fort, mais c'est aussi ce qui fait l'efficacité du montage.”

Frédéric Pronchery  

Des conditions de réussite reproductibles 

Derrière la gouvernance, c'est aussi une aventure humaine qui s'écrit. Agriopale, déjà expérimentée avec plusieurs unités dans les Hauts-de-France, mobilise ici une équipe aguerrie, formée à la gestion de projets complexes.

“Notre force, c'est d'avoir des responsables de site connectés entre eux, capables d'échanger au quotidien pour résoudre les imprévus”

François Dusanier

Cette culture du réseau opérationnel renforce la fiabilité et la réactivité du fonctionnement. 

Pour réussir loin de sa base historique, l'entreprise s'appuie sur un ancrage local réel. Le recrutement de collaborateurs implantés dans la région, le lien direct avec des relais techniques et l'implication d'agriculteurs dans le plan d'épandage participent à l'ancrage territorial du projet.

“Chaque projet est unique, mais ce qui ne change jamais, c'est l'importance de bien s'entourer localement” 

François Dusanier

Cette implantation dans le Rhône, à distance des Hauts-de-France, illustre cette capacité d'adaptation :

“L'enjeu était de construire une véritable présence territoriale, avec une équipe soudée et des partenaires engagés”

François Dusanier

Côté plan d'épandage, deux schémas couvrent aujourd'hui 2500 ha. Ils reposent sur une agriculture locale très intéressée par les intrants. L'ancrage territorial est pleinement assumé :

“Nous ne faisons pas de méthanisation pour faire joli. Nous faisons de la méthanisation pour servir un territoire et créer de la valeur économique et environnementale durable”

Frédéric Pronchery

Une première étape vers un écosystème élargi 

Cette vision partagée du développement modulaire du site illustre la solidité et la cohérence du duo public-privé, chacun apportant sa valeur dans un projet en construction continue. 

Les perspectives ouvertes par ce projet dépassent la seule unité de méthanisation. Grâce à un terrain de 4,5 hectares et une gouvernance partagée, la collectivité et Agriopale réfléchissent déjà à de nouvelles briques complémentaires : séchage de bois, déconditionnement de biodéchets, voire méthanation à plus long terme.

“La méthanisation est un point de départ. C'est un socle sur lequel on peut bâtir un véritable pôle d'économie circulaire”

Frédéric Pronchery 

Pour les porteurs de projet : quels enseignements ? 

  • Une relation public-privé équilibrée : élus et opérateurs partagent la même vision et maintiennent une réactivité constante pour garantir l'efficacité opérationnelle. 
  • Une gouvernance hybride, mais exigeante : la SEMOP demande rigueur et anticipation, mais elle offre une stabilité et une répartition claire des rôles. 
  • Une méthanisation sans agriculteur porteur ? Oui, mais pas sans agriculteurs partenaires. 
  • Un modèle réplicable ? Sous condition d'un vrai portage politique et d'un partenariat de confiance avec le privé. 

>> Vous menez un projet porté par une collectivité ou un syndicat mixte ? La SEMOP peut être un levier efficace. 

 Découvrez les autres retours d'expérience sur www.projet-metha.grdf.fr 

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