Zoom sur les Journées recherche et Innovation du 26 au 28 mars à Pau

Les Journées Recherche Innovation (JRI) Biogaz et Méthanisation ont eu lieu à Pau les 26 et 28 mars derniers. Cet événement est un rassemblement des acteurs français de la recherche et du développement de la méthanisation. L'objectif est de faire communiquer cette communauté avec les acteurs du développement agricole et industriel de la filière.  

Découvrez les points forts de cette édition et des perspectives qu'elle offre ! 

Débats et comparaisons avec d'autres énergies renouvelables 

Xavier Arnauld De Sartre, Directeur de recherche CNRS montre que les débats soulevés par la méthanisation sont moins intenses que ceux autour des autres énergies renouvelables. Cependant, la massification de la méthanisation soulève des questions importantes telles que son intégration dans les politiques territoriales, la nécessité d'un récit convaincant, et le partage équitable des coûts et des bénéfices. Pour aborder ces débats de manière rationnelle, il est essentiel de comprendre les dynamiques des réseaux sociaux et de reconnaître les risques sans les nier. 

Mieux quantifier pour limiter les émissions fugitives de méthane   

Nicolas Auvinet de l'INRAE nous explique FELeaks : un projet de recherche qui fait suite au projet de TrackyLeaks (2014-2018) afin de mieux quantifier les émissions fugitives. FELeaks a mis à disposition 9 fiches pratiques de l'optimisation de la conception de l'unité à son exploitation. L'objectif de ces recommandations est de permettre une atténuation des risques professionnels, environnementaux et une optimisation économique des sites. 

Equilibre technico-économique entre CIVE et cultures principales 

ARVALIS a étudié les compromis technico-économiques entre la production de biomasse de CIVE et la culture principale. Pour une maximisation de la marge nette de la séquence de double culture CIVE et culture principale : 10 à 20 jours de retard de semis du maïs et de récolte de la CIVE sont recommandés, pour des prix de marché alimentaires intermédiaires (180 €/t pour un maïs). Les résultats détaillés par zone géographique sont ici. 

Impacts environnementaux et sociétaux  

Les travaux présentés ont examiné les impacts environnementaux de la méthanisation, mettant en évidence les bénéfices agronomiques et les défis liés à la gestion des digestats. Des études sont également menées pour objectiver les impacts de la méthanisation sur la qualité de l'air et les odeurs, les résultats sont attendus pour juin 2024. 

Procédés et valorisations  

Les résultats des travaux CARABIO, dirigés par Béatrice Sanz de GRTGaz, révèlent une absence de composés, traces problématiques pour les réseaux et les stockages de biométhane. Les terpènes, les hydrocarbures monos aromatiques, les composés soufrés et les métaux sont tous en dessous des seuils réglementaires, ce qui encourage fortement l'injection de biométhane dans le réseau gazier français. 

Sols et digestats : comprendre leur impact sur l'agriculture et l'environnement 

Les digestats issus de la méthanisation sont souvent comparés aux différents effluents d'élevage en agriculture. Selon Sophie Bourgeteau-Sadet de l'Institut Agro Dijon, la fraction solide des digestats se rapproche davantage du fumier, ce qui impacte positivement la microbiologie du sol. En revanche, la fraction liquide, plus proche du lisier, contient moins de carbone et peut impacter négativement la microbiologie du sol. Camille Chauvin de l'entreprise ELISOL Environnement a mené une expérimentation pour étudier l'effet des digestats sur le fonctionnement biologique des sols. Les résultats ont montré que l'apport de fumier entraîne une augmentation significative de l'activité des nématodes, contribuant ainsi à l'atteinte des objectifs de rendement pour certaines cultures comme le maïs et le blé.  

Émissions gazeuses et stockage des digestats : résultats d'une étude en Île-de-France 

Dans le cadre d'une recherche menée par l'INRAE OPAALE, les émissions gazeuses lors du stockage des digestats provenant des unités de méthanisation agricoles sans effluents d'élevage en Île-de-France sont quantifiées, et les solutions pour les limiter au maximum sont étudiées. Le stockage tampon avec récupération de biogaz est une solution prometteuse, notamment face à la réduction des temps de séjour dans les digesteurs qui augmente significativement les émissions au stockage.