Le projet Doué Métha, un exemple de coopération pour une énergie durable

Le projet Doué Métha, un exemple de projet collectif 

Dans la campagne de Doué-la-Fontaine, 34 exploitations agricoles ainsi que deux entreprises (le zoo Bioparc et la coopérative de producteurs légumiers la Rosée des Champs) se sont fédérées au sein de la SAS Doué Métha pour construire et alimenter une unité de méthanisation.

Le projet a vu le jour en 2012, démarrant comme une simple idée parmi quelques agriculteurs locaux. Emmanuel Braud, Chargé de projets Biométhane pour GRDF Ouest, explique : « Le projet s'est structuré en 2016 en société commerciale, orienté initialement vers la valorisation électrique du biogaz. Très vite, l'activité a basculé vers la production de biométhane avec injection dans le réseau, favorisant ainsi une meilleure valorisation énergétique et une meilleure rentabilité. »

L'acceptabilité du projet par les riverains a été simple grâce à un foncier choisi au centre des 34 partenaires et à distance des riverains. Yann Humeau, éleveur et vice-président de la SAS Doué-Métha, témoigne de l'importance de l'engagement local : « Les élus de Doué-la-Fontaine ont rapidement soutenu le projet, facilitant grandement son acceptabilité sociale. »

Un raccordement peu commun de 24 km

Pour acheminer le biométhane produit vers les consommateurs, un défi de taille devait être relevé : le raccordement au réseau de gaz. C'est ainsi que 24 kilomètres de canalisations ont été posés, reliant l'unité de méthanisation au réseau existant. Afin de faciliter l'acheminement du biométhane produit vers le réseau de gaz, le projet Doué Métha a bénéficié “du droit à l'injection« . Ce dispositif réglementaire revu en 2019, garantit notamment aux producteurs de biométhane un accès équitable au réseau de transport et de distribution de gaz.

Cette prouesse logistique et financière a nécessité le soutien des autorités locales et régionales. Leur contribution de 2,2 millions d'euros a permis d'équilibrer les coûts et de rendre le projet viable.

Un modèle de traitement collectif des effluents

Le projet Doué Métha tire sa force d'une synergie d'acteurs locaux. Chacun contribue à la production de biométhane grâce à l'apport de matières organiques. Tout d'abord :  34 exploitations agricoles, situées dans un rayon de 15 km autour de l'unité de méthanisation. Ces exploitations fournissent des effluents d'élevage et constituent ainsi la principale source de d'intrants de l'unité (95%) . 

Le Bioparc de Doué, partenaire dès le début du projet, apporte quant à lui 500 tonnes par an de déchets issus de ses activités, démontrant son engagement envers une gestion durable de ses ressources. Enfin, la coopérative des producteurs légumiers qui a rejoint le projet en 2021, intègre 2 000 tonnes par an de déchets issus du parage des légumes. Une opportunité de valoriser ainsi un co-produit de son activité et contribuer à l'économie circulaire..

Chaque intrant n'a pas le même pouvoir méthanogène et le collectif a donc dû mettre en place des rotations et des plannings décidés 15 jours à l'avance pour gérer l'arrivée des effluents.

Yann Humeau indique que l'expérience compte : “ Aujourd'hui, au bout d'une année, nous avons du recul et nous sommes plus efficaces, nous avons gagné en rentabilité.” La méthanisation est devenue une activité importante pour les 36 parties prenantes avec 5 emplois à temps plein. 

Le digestat : un fertilisant précieux issu du processus de méthanisation

Le cœur du projet Doué Métha ne se limite pas à la production de biométhane. Le processus de méthanisation génère également un sous-produit précieux : le digestat. Ce fertilisant organique, issu de la transformation des matières organiques, présente de nombreux avantages pour l'agriculture.

Le digestat produit par Doué Métha est sous forme liquide et solide. Le digestat solide est stocké sur place, tandis que le digestat liquide est en partie conservé sur le site et en partie stocké dans neuf poches situées sur les terres des agriculteurs du projet. Cette répartition permet une gestion optimale entre le phosphore, la potasse et l'azote.  

Le projet dispose d'un plan d'épandage sur 4 800 hectares, couvrant ainsi largement les besoins des agriculteurs impliqués, qui n'en nécessitent que 3 600.

Une gouvernance solide pour la pérennité du projet

La gouvernance du projet, partagée entre plusieurs parties prenantes, demande une coordination et une communication constantes. Emmanuel Braud conseille : “Pour les collectifs, il est crucial d'établir une gouvernance tournante, pour éviter l'épuisement des responsables.” Il propose également de s'entourer de conseils professionnels pour la gestion des projets collectifs avec un bureau d'étude et de l'assistance à maîtrise d'ouvrage (AMO).

L'avenir de Doué Métha et des nouveaux porteurs de projets

Le futur semble prometteur pour Doué Métha, avec l'objectif d'augmenter la capacité de production. Aujourd'hui, le site injecte 220 Nm³ par heure mais il est dimensionné pour monter jusqu'à 300 Nm³ / heure dans les années à venir.

Le contexte réglementaire et financier actuel est favorable, rendant la période idéale pour lancer des projets similaires. Emmanuel Braud encourage d'ailleurs lles futurs porteurs de projets : « Avec les ajustements tarifaires récents et une meilleure compréhension des banques sur la méthanisation, c'est le moment de démarrer. »   (à mettre en bloc de mise en exergue)

L'implication des élus locaux, des exploitations agricoles, du syndicat d'énergie SIEML, de l'ADEME et de la FEDER a été déterminante. Ensemble, ils ont su transformer une problématique d'effluents agricoles en une activité durable. Le succès du projet Doué Métha constitue une source d'inspiration pour d'autres initiatives similaires. Il démontre qu'avec une volonté politique forte, une collaboration étroite entre les acteurs locaux et un soutien financier adéquat, la transition énergétique peut devenir une réalité concrète et bénéfique pour tous.

Le projet Doué Métha est une illustration remarquable de la transition énergétique territoriale réussie. Il incarne les valeurs de coopération, d'innovation et de durabilité, et ouvre la voie à un avenir énergétique plus propre et plus prospère pour le territoire.

Chiffres clés :

33 000 tonnes	Intrants :	Capacité :
D'intrant par an	Fumiers / Lisiers Déchets de légumes Effluents de zoo	220 Nm³/h soit  3048 Foyers alimentés en gaz  sur le réseau de Saumur