Zoom sur les points clés de la qualité gaz et les dernières évolutions
Découvrez les exigences de qualité du biométhane pour l'injection dans les réseaux de gaz en 2024, incluant les seuils de dioxygène, d'hygrométrie et les règles d'odorisation.
Pour les producteurs de biométhane et les porteurs de projets, garantir la qualité du gaz injecté dans le réseau est une priorité. Respecter les exigences des opérateurs de réseaux n'est pas seulement une obligation contractuelle, mais aussi une condition essentielle pour le bon fonctionnement des infrastructures et la sécurité du réseau. Pourtant, ces exigences évoluent, et il est crucial de les comprendre pour anticiper les adaptations nécessaires.
Un guide pédagogique pour comprendre le mesurage du poste d‘injection
Pour les producteurs de biométhane et les porteurs de projets, comprendre et respecter les exigences de qualité du gaz est essentiel. Afin de les accompagner dans cette démarche, les opérateurs de réseaux mettent à disposition un support pédagogique complet sur le « mesurage du poste d'injection ». Ce document aborde des thèmes cruciaux, tels que :
- Pourquoi et comment contrôler la qualité du biométhane injecté ?
- La chaîne de mesure : présentation des appareils et des règles.
- La télétransmission des données.
- L'odorisation : enjeux, réglementation et système d'odorisation.
Disponible en ligne, ce guide est une ressource précieuse pour tous les producteurs souhaitant garantir la conformité de leur installation et anticiper les évolutions réglementaires.
Hygrométrie du biométhane : des seuils adaptés aux pressions
Depuis juillet 2021, les exigences en matière de teneur en eau pour le biométhane injecté dans les réseaux de gaz GRDF varient en fonction de la pression du réseau à l'aval. Pour un réseau à moyenne pression B (MPB) à 4 barg, la limite est fixée à 811 ppmv (particules par million en volume). En revanche, dans une zone de rebours, où le biométhane est comprimé à 67 barg pour rejoindre le réseau de transport, la teneur maximale doit être inférieure à 66 ppmv.
Pourquoi ces différences ? En zone de rebours, le gaz est soumis à une compression plus importante, augmentant le risque de condensation de l'eau contenue dans le biométhane. Cela peut entraîner des problèmes opérationnels et de sécurité sur le réseau de transport haute pression. Le point de rosée du gaz injecté, qui doit rester inférieur à -5°C à la pression maximale du réseau, est un indicateur clé de la qualité du biométhane. Respecter ce critère assure que la teneur en eau est inférieure à 53 mg/m³(n), un seuil bien plus strict que celui applicable aux réseaux de distribution classiques (où il varie entre 811 et 163 ppmv selon la pression).
Points d'attention pour les producteurs : Si votre projet est situé dans une zone de rebours, une attention particulière doit être portée au séchage du biométhane. Le système d'épuration doit permettre d'atteindre ce niveau d'hygrométrie, afin de respecter les normes imposées. En cas de présence d'un rebours, les contrats d'injection précisent clairement le seuil d'humidité applicable.
Il est donc essentiel de vérifier si un rebours est prévu dans la zone de votre projet et, si tel est le cas, de vous assurer que votre installation est capable d'ajuster le séchage du biogaz pour respecter ces seuils plus stricts. D'autant plus que le nombre de zones de rebours croît rapidement, rendant cette vigilance encore plus nécessaire lors de la conception des sites de méthanisation.
Notre conseil : De manière générale, le nombre de rebours croit rapidement : il est pertinent de prévoir dès la conception du site le moyen d'ajuster le niveau de séchage si un rebours venait à être déployé sur la zone.
En annexe 6 des Conditions Générales du modèle de contrat d'injection GRDF (ici), ces éléments sont rappelés ainsi que le tableau de conversion suivant :
Tableau récapitulatif des exigences en fonction de la pression :
Dioxygène : une nouvelle limite pour une meilleure compatibilité
Depuis juillet 2023, la teneur maximale en dioxygène (O₂) dans le biométhane injecté a été abaissée de 7500 ppm à 4000 ppm pour tous les nouveaux contrats d'injection signés avec GRDF. Cette réduction s'inscrit dans une démarche de conformité aux standards internationaux et de protection des infrastructures gazières. Dans certains cas particuliers, des seuils encore plus bas peuvent être imposés, comme précisé dans les conditions particulières des contrats.
Pourquoi cette évolution ? Le dioxygène peut poser de nombreux problèmes sur le réseau de gaz, notamment dans les zones de rebours où le biométhane est comprimé pour rejoindre le réseau de transport. Une teneur élevée en O₂ peut non seulement nuire aux installations sensibles, mais aussi perturber le stockage et les échanges transfrontaliers du gaz. Les opérateurs de réseaux ont donc renforcé les normes pour limiter l'impact de l'oxygène sur la qualité globale du gaz distribué.
Cette adaptation est également liée à la stratégie de traitement de l'H₂S (sulfure d'hydrogène) dans le biométhane. En effet, le traitement de l'H₂S nécessite une maîtrise rigoureuse du taux d'oxygène pour éviter la formation de composés soufrés indésirables, qui pourraient endommager les infrastructures et réduire la durée de vie des équipements.
Points de vigilance pour les porteurs de projets : Si vous êtes porteur de projet, il est probable que cette nouvelle norme s'applique à vous. Il est donc crucial de vérifier que votre installation est en mesure de respecter ces nouveaux seuils d'O₂. Cela implique souvent d'optimiser le procédé de purification du biogaz, notamment en utilisant des techniques avancées de désulfurisation et de désoxygénation.
Le guide pratique « Maîtriser le taux d'O₂ dans le biométhane » mis à disposition par GRDF est un outil précieux pour vous aider à identifier les meilleures solutions techniques. Il vous permettra également de mieux échanger avec vos partenaires et les parties prenantes sur les adaptations nécessaires de votre procédé.
Odorisation : un choix, mais pas sans règles
Contrairement aux idées reçues, l'odorisation du biométhane n'est pas systématiquement prise en charge par GRDF. Pour les petits projets, dont la capacité maximale de production est inférieure à 40 Nm³/h, les producteurs peuvent choisir d'installer leur propre système d'odorisation, fourni par des tiers, tels que les fabricants d'épurateurs de biogaz. Toutefois, il est important de noter que ce système d'odorisation ne peut pas être installé dans le local du poste d'injection GRDF, en raison des responsabilités liées à la sécurité et à l'exploitation.
Pourquoi l'odorisation est-elle réglementée ? L'odorisation du biométhane est essentielle pour garantir la détection des fuites de gaz. Le tétrahydrothiophène (THT), le composé utilisé pour odoriser le gaz, doit être ajouté à une concentration comprise entre 15 et 40 mg/m³(n), la consigne GRDF étant fixée à 25 mg/m³(n). Cette concentration doit être respectée afin de garantir que le gaz distribué possède une odeur suffisamment forte pour être détecté en cas de fuite, assurant ainsi la sécurité des usagers.
Ces dispositions sont strictement encadrées par l'arrêté du 13 juillet 2000 et le cahier des charges RSDG 10, qui définissent les règles de sécurité pour la distribution de gaz combustible. Toute installation doit être conforme à ces normes pour éviter tout risque pour les personnes et les biens.
Points de vigilance pour les producteurs : Pour les porteurs de petits projets, il est possible de solliciter des acteurs tiers pour l'installation d'un système d'odorisation. Cependant, cette installation doit se conformer aux exigences de GRDF et respecter les normes en vigueur. Il est également crucial de vérifier que l'odorisation choisie répond bien aux critères de sécurité et de qualité fixés par la réglementation.
Ces règles permettent de s'assurer que le biométhane distribué sur le réseau est correctement odorisé, garantissant ainsi la sécurité des utilisateurs finaux. En cas de doute ou de besoin d'assistance, GRDF propose des ressources et un accompagnement pour aider les producteurs à se conformer aux exigences en matière d'odorisation du biométhane.
Les essentiels à retenir
La qualité du biométhane injecté est un enjeu majeur pour l'ensemble de la filière méthanisation. Que ce soit en termes d'hygrométrie, de teneur en oxygène ou d'odorisation, les exigences des opérateurs de réseaux évoluent pour s'adapter aux nouvelles configurations du réseau, notamment avec le développement des zones de rebours.
Pour en savoir plus sur la qualité du biométhane, les obligations des producteurs et les contrôles effectués par GRDF, consultez les ressources suivantes :
En anticipant les évolutions réglementaires et techniques, les producteurs peuvent garantir la conformité de leur biométhane et contribuer ainsi au développement harmonieux de la filière.
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